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Inscription de la Corse dans la Constitution: les nationalistes très incisifs durant les débats

(Alex Bertocchini - Alta Frequenza) - Ce ne sera finalement que cet après-midi (vendredi) que l'Assemblée de Corse votera le rapport sur les institutions particulières de la Corse, celui-là même qui fait suite au rapport préparé par la commission des compétences législatives et réglementaires, le fameux rapport Chaubon. La journée d'hier n'y a pas suffi - et la nuit non plus d'ailleurs - tant le débat a été dense et fourni, souvent très technique et toujours appréhendé avec conviction par tous les groupes de l'Assemblée de Corse. Ancrer la Corse dans la Constitution, ou faire reconnaître la Corse par la Constitution! L'auditeur lambda ne saisira sans doute pas la nuance mais pourtant toute la journée d'hier a été consacrée à cette nuance là. Pour bien resituer les choses, il faut rappeler que la Corse en vertu des lois de  82,  91 et  2002 existe dans la Constitution française par son article 72 en tant que "collectivité à statut particulier" - comme Paris Lyon ou Marseille -  et ce sans la nommer expressément. Rajoutons que l'article 73 de la Constitution régit le cadre constitutionnel de Régions et Département d'Outre Mer: Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et Réunion. L'article 74 lui fixe celui des Collectivités d'Outre Mer, Polynésie, Saint Pierre et Miquelon par exemple. Ces différents statuts, qui peuvent paraîtrent parfois très proches, ne conduisent pourtant pas du tout au même mode de gouvernance et il est apparu à plusieurs reprises que le statut de la Corse engendrait beaucoup trop de phénomènes "bloquant". Faire changer la Corse de catégorie, de division diront les amateurs de foot, c'est donc tout l'enjeu de ce débat important car le fonctionnement des institutions de l'île pourrait être modifié en profondeur si c'était le cas. Tout le débat d'hier a donc porté sur le changement de "division" mais tout en restant dans la catégorie "article 72", un exercice de corde raide qui était en passe de réunir hier soir. La discussion générale s'est terminée vers 19 h 30 et si l'Assemblée a continué sa réunion avec un ordre du jour ordinaire, un long travail en commission a débuté afin d'examiner de très nombreux amendements. L'assemblée reviendra donc ce matin à partir de 10 h pour voter les amendements puis on passera au vote après les explications de vote des différents groupes. Les nationalistes, inutile de le préciser, ont été très incisifs sur ce dossier; maniant avec habileté une argumentation technique pointue, des appels incessants au cœur et à la raison, une volonté d'ouverture marquée, ils ont, tous groupes confondus, imprimé leur marque sur ce débat.