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La Corse, l’île où le pardon n’existe pas (Le Figaro - François Hauter)

(Article de François Hauter du Figaro) - Voici in extenso, l'article de François Hauter pour le Figaro, à propos des Corses. Cela devrait amener bon nombre de réactions, notamment de nos élus.

 "Les Corses n’acceptent pas l’inéluctable, la banalisation moderne. Les gens parlent bas, ils ont l’air sur la défensive. Mais quand ils vous accueillent, leur générosité est sans limite. Les yeux corses sont ténébreux et provocants. Des lueurs revêches, de l’obsession confinant à l’entêtement. Un orgueil inébranlable. 
De la Corse, je ne sais rien. Jamais été là-bas. J’ai un a priori péjoratif : la Corse est un drame de la centralisation. Tous les gens intelligents de l’île sont « montés » à Marseille, Paris, ou partis à l’étranger. Ceux qui n’en ont pas eu le courage ou les capacités intellectuelles de le faire sont restés sur place. Ils sont fonctionnaires ou font chanter les autres pour gagner leur vie (1). Un souvenir aussi. Lorsque j’ai été engagé au Figaro en 1979, on m’a demandé d’écrire un premier article sur un chanteur qui se lançait dans les affaires. Il s’appelait Bernard Tapie. Il faisait sourire Paris. J’ai été ironique dans mon article, très court pourtant. Tapie a attaqué le journal. Premier article, et un procès : ça la fichait mal. Je monte au cinquième étage. C’est toujours dans des bureaux miteux que nichent les éminences grises. J’y trouve Xavier Marchetti, l’ancien attaché de presse de Georges Pompidou, un Corse délicieux, pétillant - il avait toujours un pistolet extraplat sous son smoking. Xavier me voit embarrassé par ce procès, il me dit : « Petit, ne t’inquiète pas, je vais régler ça ! » Il décroche son téléphone, il appelle un sénateur, un certain Charles Pasqua. Il épelle mon nom trois fois (Hauter, ce n’est pas un nom corse). Il raccroche. « Bon, petit, c’est réglé » , dit-il. Je ressors du bureau de Marchetti assez perplexe, pas rassuré. Deux semaines plus tard, je suis convoqué pour la première fois dans le bureau du patron de la rédaction, Max Clos. Il me dit : « Hauter, c’est un nom alsacien, ça, non ? Bon, alors pouvez-vous m’expliquer pourquoi j’ai là, sur mon bureau, deux cents lettres provenant de deux villages corses, expliquant que vous êtes un type formidable ? »